Française mais noire, libre mais descendante d’esclave, chrétienne mais marquée par une histoire de sorcellerie, portrait de Thérèse Bernis Parise, née en 1920 au Gosier en Guadeloupe. Séduite, maltraitée puis abandonnée par les hommes, mère de six enfants nés au gré des rencontres, elle s’est battue toute sa vie pour vaincre la pauvreté. Fuyant les sorts de la Guadeloupe, elle découvre la France et Paris où elle mène la vie épuisante d’une femme de ménage parfois sans domicile fixe. Aujourd’hui, elle veut faire connaître ses malheurs afin de s’en délivrer.
Ce documentaire de Dani Kouyaté, diffusé sur France Ô ce mercredi 24 à 20 h 30, explore le parcours inhabituel et mouvementé de Thérèse Parise Bernis, une femme authentique dont on découvre les épisodes d’une vie faite de tourments, de drames et d’épreuves.
Présenté le 10 mars dernier au cinéma La Clef à Paris, dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes, et sélectionné au Fespaco 2009 (Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou), Souvenirs encombrants d’une femme de ménage montre comment Thérèse Parise Bernis, cette guadeloupéenne, née en 1920 au Gosier en Guadeloupe, arrivée en France dans les années 50, a survécu aux coups durs, à la maltraitance, à l’infortune pour parvenir aujourd’hui à évoquer l’histoire douloureuse qui la faite.
Thérèse Parise Bernis a été « séduite, maltraitée puis abandonnée par les hommes, mère de six enfants nés au gré des rencontres, Parise s’est battue toute sa vie pour vaincre la pauvreté. Fuyant les sorts de la Guadeloupe, elle découvre la France et Paris où elle mène la vie épuisante d’une femme de ménage parfois sans domicile fixe. En elle, tous les sentiments se sont côtoyés, entrechoqués : la colère et la patience, la confiance et le désespoir, la rancœur et l’indulgence, la tristesse et la rage de vivre. Aujourd’hui Parise poursuit un but : celui de faire connaître ses malheurs afin de s’en délivrer, de les exorciser. »
Avant de se voir consacrer un documentaire, Thérèse Parise Bernis s’est produite sur scène dans la pièce Être noire mise en scène par Claire Denieul. Elle a également publié un livre, Parise, souvenirs encombrants de la Guadeloupe, chez Ramsay. A chaque fois, il s’agissait de revenir sur son combat de femme, noire, combattante, victime. Le documentaire va plus loin ou explore autrement l’itinéraire de Parise, âgée aujourd’hui de 90 ans, en s’arrêtant surtout sur la résultante de son histoire de vie notamment à travers sa relation avec Claire Denieul. Dans sa note d’auteur, Dani Kouyaté décrit l’objectif de ce film, son second documentaire : « au départ, il a été question d’une captation du spectacle Être noire, joué par Thérèse Parise Bernis et Claire Denieul. Mais quand j’ai rencontré Thérèse, je suis resté fasciné par l’immense courage de cette femme qui semblait avoir lutté toute sa vie contre ce qu’elle appelle « les sorts » : la pauvreté, la violence conjugale, l’injustice, la sorcellerie… Elle a souvent été seule dans son combat et c’est par son acharnement à vivre qu’elle a pu venir à bout de l’adversité. Ce combat de Thérèse Parise Bernis, et son élégance face à l’adversité, ont été pour moi une leçon de vie. Dès lors, je ne pouvais pas me contenter d’une simple captation de spectacle. Il fallait aller plus loin… Le constat que cette octogénaire atypique établit de sa dure vie est sans rancœur mais terriblement lucide et empreint d’une sorte de compassion pour ses prochains. Elle observe une distance troublante d’avec la souffrance et la misère. Elle porte un regard plein de tendresse et d’ironie sur l’amour, la mort, les hommes, sa condition de femme noire parmi les blancs, antillaise parmi les français, femme de ménage à tout faire…. Ce qui m’intéresse aussi dans ce film, c’est la force symbolique de la rencontre de deux femmes : Thérèse Parise Bernis et Claire Denieul. La nounou et la fillette, la Noire et la Blanche qui, à travers un monologue à deux voix, deviennent la même personne pour nous raconter une histoire qui dépasse les races et les frontières pour devenir une histoire de Femme tout court. »
Rediffusions sur France Ô :
jeudi 25 mars 2010 à 15 h 15
samedi 27 mars 2010 à 16 h