« Haïti, 200 ans d’art et d’histoire », c’est le documentaire de Thomas Briat et Abigail Mokienko qui ouvrira la soirée du 13 janvier pour un voyage dans la culture et la riche histoire haïtienne. Comme habituellment dans Un soir avec…, Laurence Piquet accueillera un invité et pour l’occasion c’est l’écrivain haïtien Dany Laferrière, prix Médicis 2009 pour son roman L’Énigme du retour, qui évoquera avec elle la place de la culture dans la reconstruction d’Haïti.
Le tremblement de terre a remis Haïti au centre de toutes les attentions. Les images que l’on retient aujourd’hui, sont celles de la ruine et du choléra. Pourtant, la République de Haïti, c’est plus de 200 ans d’art et d’histoire que le séisme n’a pas effacés. En allant chercher sous les décombres, les traces de cette richesse historique et culturelle, ce documentaire propose de redécouvrir d’autres images : celles d’un pays à l’histoire glorieuse qui a su au XIXe siècle conquérir sa liberté en brisant les chaînes de l’esclavage et celles d’un pays dont la vitalité culturelle a étonné le monde, à travers sa peinture, sa sculpture ou sa littérature. Des historiens, des artistes et des écrivains nous font découvrir ces richesses et nous font part de leurs réflexions sur la place de la culture dans une société en reconstruction.
Depuis le 12 janvier 2010, Haïti panse ses plaies. Avec l’aide des institutions internationales, le pays a débuté un travail colossal de reconstruction, qui passe également par la sauvegarde de son patrimoine culturel. Sorti des vestiges du palais présidentiel, le tableau Le Serment des ancêtres représente la rencontre historique entre le mulâtre Alexandre Pétion et le général noir Jean-Jacques Dessalines. En 1802, les deux officiers scellent une alliance pour vaincre les troupes de Napoléon. Symbolisant l’union des esclaves et des « libres de couleur » après plus de dix années d’affrontement, cette œuvre est le témoignage de cette réconciliation à l’origine de l’indépendance de Haïti. Peinte en 1822 par Guillaume Guillon-Lethière, Guadeloupéen installé en France, cette toile fut la seule de la carrière de l’artiste où il évoqua ses origines et manifesta sa solidarité à la jeune république. Le ministère de la Culture français s’est engagé à restaurer cette œuvre majeure.
La sauvegarde de la mémoire
A Port-au-Prince, les initiatives se multiplient. Parce que « le peuple ne peut pas vivre sans mémoire », le sculpteur Patrick Vilaire tente de sauver les derniers murs encore debout de la cathédrale Sainte-Trinité. Orné de fresques par les peintres naïfs dans les années 1950, l’édifice menace aujourd’hui de s’effondrer. Avec la collaboration de l’ONG Bibliothèque sans frontières, l’écrivain Yanick Lahens a mis en place un programme d’animation pour faciliter l’accès à la langue française aux enfants des bidonvilles qui ne maîtrisent souvent que le créole. Pour elle, sauver la culture haïtienne, c’est aussi permettre à la population d’y accéder, car « il existe un patrimoine littéraire écrit en français, mais en même temps, et c’est ça le paradoxe de Haïti, ce patrimoine n’est accessible qu’à une minorité. (source www.france5.fr)